Le Malade imaginaire, une satire moderne à Saint-Malo
Par Gaïa Halais, 1ST2S B
Trois cent cinquante ans après sa première représentation, Le Malade imaginaire est toujours indémodable !
Mise en scène par Jean Hervé Appéré, cette pièce a été modernisée et son texte réactualisé pour mieux toucher le jeune public du théâtre de l’Hermine à Saint-Malo, le jeudi 20 octobre.
Sur des planches de bois posées sur la scène, comme une mise en abîme, et sur le fond d’un décor simpliste du XVIIème siècle, le fauteuil de Molière reste un objet incontournable dans cette pièce où les personnages se querellent et les spectateurs, interpellés par les acteurs, deviennent parfois de vrais comédiens.
Masques et costumes sont bien d’époque. Ainsi, les médecins sont masqués non pas à cause du covid mais parce qu’ils l’étaient aussi dans les pièces du XVIIème siècle. De même, une collerette et un costume noir les distinguent. On retrouve un Argan en chemise de nuit et bonnet tel un malade qui ne peut pas quitter son lit. Le maquillage reflète aussi le caractère des personnages. En effet, Argan est tellement pâle que cela accentue le comique de caractère et confirme son extrême hypocondrie.
Bien que l’on retrouve la musique originale de la première comédie musicale de Marc Antoine Charpentier, les intermèdes sont moins nombreux que dans la pièce de Molière et on est surpris par l’entrée des trois Égyptiennes dont l’une est d’ailleurs un travesti.
Certains personnages sont tout aussi déroutants. Ainsi, si l’on est déçu par Cléante que l’on imagine calme et sans défauts d’après l’œuvre originale, mais qui nous apparaît ici bien sot et ridicule sur scène, on apprécie les entrées de Béline toujours devancées par la musique et ses manières de femme fatale arrogante.
Cette satire fait encore réfléchir aujourd’hui car la naïveté, les charlatans avides d’argent, et les mariages arrangés existent hélas toujours dans certains endroits du monde.
Une chose est sûre : les jeux de sons et de lumières, les répliques revisitées et improbables, le dynamisme et la vivacité des acteurs survoltés suscitent les rires de tout le public qui découvre ce classique empreint de modernité, sans voir le temps qui passe !
Tant d’éléments qui font de cette adaptation une vraie découverte captivante et étonnante !
Le Malade imaginaire réinterprété dans l’esprit d’une Commedia dell’arte
Par Bastien Briand, 1STL
Le plus grand dramaturge français, Molière, et sa pièce la plus iconique, Le Malade imaginaire, se sont vu redonner un second souffle avec cette réadaptation assez fidèle du chef-d’œuvre datant de 1673. Cette représentation est aussi l’occasion de marquer le 400ème anniversaire de la naissance de Molière et de lui rendre hommage. Nous sommes allés voir la pièce ce jeudi 20 octobre et allons la décrypter pour vous aujourd’hui.
Tout d’abord, nous pouvons féliciter le jeu des acteurs qui était très agréable à regarder. Le metteur en scène, Jean Hervé Appéré, a distribué les rôles à merveille et a réussi un tour de force exceptionnel en retranscrivant, via ce jeu, les émotions et le caractère des personnages, les rendant ainsi plus vivants et plus humains. Quand nous disions que nous pouvions féliciter le jeu des acteurs, nous pensions tout particulièrement au rôle d’Argan. Ce personnage est très difficile à jouer. En effet, le début de la pièce commence par un imposant monologue d’Argan comportant un vocabulaire médical assez désuet. Guillaume Collignon, le comédien incarnant le rôle-titre, a fait preuve de beaucoup de professionnalisme et a été tout simplement parfait dans son rôle.
Outre le texte en lui-même, Monsieur Collignon, de par son énergie, a réussi à renforcer la folie de son personnage dont, nous le savons bien, la seule maladie dont il est atteint est l’hypocondrie. Nous disions en introduction que cette réadaptation était assez fidèle. Un des éléments qui nous le fait dire s’appuie aussi sur le choix des costumes, en effet, nous pouvons remarquer le respect des costumes des médecins qui étaient les mêmes qu’il y a 350 ans.
Quoique le jeu des acteurs soit bien réalisé et que le metteur en scène ait très bien distribué les différents rôles entre les comédiens, les effets comiques ont été hélas très lourds. Effectivement, la caricature a été poussée à l’extrême et l’exagération nuit à la pièce. Le niveau comique ne dépassait généralement pas celui des élèves de l’école primaire et cela en devenait pesant pour les spectateurs plus âgés. Cependant, gardant à l’esprit que cette réadaptation s’inspire de la Commedia dell’arte, nous espérons que les moments choisis pour improviser seront adaptés au public présent dans la salle et qu’ainsi le niveau de la pièce sera plus élevé.
En effet, sachant que Molière ne fixait ses pièces qu’après une vingtaine de représentations et que, pour Le Malade imaginaire, Molière n’a pu en faire que quatre, le metteur en scène s’est permis de remplacer quelques passages par des moments d’improvisation par exemple, d’où la possibilité de souplesse pour les acteurs.
Personnellement j’ai plutôt bien apprécié cette revisite d’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature théâtrale française. Un des éléments qui m’a le plus surpris mais que j’ai aussi particulièrement apprécié concerne le décor. Ce dernier n’a pas changé ni bougé d’un pouce tout au long de la pièce. Cependant vous vous demandez peut-être : « Ne sera-t-il pas monotone de n’avoir qu’un seul et unique décor ? ». Je vous rassure tout de suite : pas du tout !
Le metteur en scène a choisi la chambre d’Argan comme décor et cela ne nous ennuie en aucun point ni ne change la lecture de la pièce. Au contraire, cela accentue un défaut qu’ont quasiment tous les personnages : leur hypocrisie. En effet, le décor est rehaussé sur le plateau, ce qui donne l’impression d’avoir une scène sur une scène. Cet agencement n’est pas le fruit du hasard : le metteur en scène a cherché à nous donner cette impression. L’hypocrisie des personnages, ce double jeu, n’en est que davantage mis en lumière. Le plus évident est le personnage de l’épouse d’Argan, joué par Mélanie Le Duc. Béline est mielleuse envers son mari dans le but de profiter uniquement de son argent. Cet agencement en poupées russes est aussi fait pour accentuer la tombée du quatrième mur, ce qui permet donc l’interaction entre le public et la pièce, entre le public et les comédiens.
Je vous conseille donc vivement d’aller voir cette représentation, elle mérite votre attention. Cette réadaptation rend encore plus mythique cette pièce déjà légendaire !
Le Malade imaginaire, une satire moderne à Saint-Malo, par Gaïa Halais, 1ST2S B
Le Malade imaginaire réinterprété dans l’esprit d’une Commedia dell’arte, par Bastien Briand, 1STL
Élèves des 1ères STI2D, STI/STL et ST2S B
Professeure organisateur : Madame JEGU
Théâtre CULTURE & AVENIR à Saint-Malo, le 20 octobre 2022
Photos : Madame Monet